Juillet 1983. À Sainte-Rogatienne, village cévenol noyé par la pluie, André est retrouvé écrasé sous le pont élévateur de son garage. Sa femme a disparu. Ne reste que le chien – immense, silencieux, fidèle.
Après dix-sept ans d’absence, Abel, frère d’André et ancien homme de l’ombre, revient au pays. Très vite, les morts s’accumulent, les silences se fendent, et les fantômes des guerres enterrées réapparaissent dans les plis du paysage. Entre les secrets engloutis dans le Gardon, les archives qu’on efface et les tombes qu’on rouvre, la vérité rôde. À Sainte-Rog, on parle peu. Mais tout le monde sait.
Un thriller psychologique intense, sombre et hanté par l’Histoire et les fautes que la terre n’a jamais digérées.

Dans un souffle de buée, l’enfant dessine sur la vitre. Abel, dans son dos, sourit aux petits bonshommes.
— Tu viens, on va visiter. Tu verras, ce n’est pas un gros bled, mais il y a quand même quelques curiosités. Oh là, mais c’est bientôt midi ! D’abord, on va manger. Je n’ai rien avalé depuis hier, toi non plus, tu n’as pas touché au cacao.
Manger. La mastication favorise la cicatrisation des blessures de l’âme. Ils s’appliquent en silence, Tom et lui.
Une tête de sanglier punaisée sur le mur de la grande salle à manger fascine l’enfant. Un autre en aurait certainement été impressionné, pas lui ; juste intrigué par la présence du gros solitaire dans son dos. Peut-être se demande-t-il si le reste du corps est de l’autre côté de la cloison ?